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Series photographiques   2004 - 2011

 

« vivre c’est passer d’un espace à un autre
en essayant le plus possible de ne pas se cogner » 
Georges Perec 
                                                                                                                                 

On garde tous en mémoire, sans y penser,  la position qu’ont les choses dans l’espace. Ces souvenirs nous aident à nous situer dans le présent et nous guident dans nos déplacements. Il ne suffit que d’un bref  regard pour qu’un objet nous évoque instantanément une fonction, un geste, une alerte, une envie, un souvenir peut être. La vue est un sens, contrairement aux autres, qui offre, à la seconde, une multitude de perceptions. Pour contenir cette surabondance, notre curiosité, bien avisée, fait des politesses à la raison en s’effaçant. La vie crée une accoutumance et notre vision du monde est en perpétuel engourdissement. C’est de toutes les complexités de la matière, de l’intimité des choses que l’intelligence et notre mémoire nous privent en synthétisant la lecture de notre espace vital.

 

«Jean-Jacques Béguin ne questionne pas le monde, il le montre »  Lionel Navarro
                                                         

Dans un monde, où les représentations photographiques peinent à se manifester autrement qu’au travers du spectaculaire, j’aimerais, par cet artifice graphique, rendre au spectateur une liberté : celle d’apercevoir le monde hors des contraintes que la quotidienneté nous imposent, offrir une possibilité d’explorer le côté intime et sensuel des surfaces et des formes qui constitue la complexité du monde.

 

En proposant au spectateur des visions déstructurées où la temporalité n’a guère de prise, en imposant une corruption bienveillante de l’ordre spatial, j’offre à l’observateur la possibilité d’une lecture alternative de la banalité. Et c’est chaque intelligence, chaque manière d’appréhender ou de décrypter ces illustrations qui, ensemble, viennent donner à l’œuvre sa véritable signification.

 

Le choix des sujets :

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Peu de sujets ont échappé à mes assiduités photographiques. Certains thèmes, comme la rue, les grands arbres ou les objets architecturaux, se sont souvent imposés. Les recoins de l’espace situés dans le côté obscur de notre champ de vision, comme les sols, les ombres qui s’y promènent, voûte et plafonds ont, eux aussi, fait l’objet d’attentions particulières. Les façades, singulièrement m’intéressent. Déjà l’alignement de leurs ouvertures, les motifs de pierre, de verre ou d’acier préfigurent déjà ce qui suggérera à ma composition sa structure et son rythme. De plus la relation que l’on entretient avec les façades est multiple. Souvent on s’y intéresse pour ce qu’il y a au-delà : l’inventaire mystérieux des objets qui, derrière, doivent s’y trouver, la nature des activités humaines qui s’y déroulent hors de notre regard. Ces devantures aussi nous servent de balises et jalonnent nos trajets. Si les bâtiments étaient des livres, les façades en seraient leurs couvertures ; par leurs matières, leurs ornements, elles nous invitent à imaginer leurs histoires, celles de leur époque et celles des tous les habitants qu’elles ont protégés.

 

La prise de vue :

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Mes compositions sont constituées de clichés multiples, d’une cinquantaine à trois cent, en faible définition numérique, l’opération photographique se déroule généralement rapidement, même si parfois plusieurs jours sont nécessaires. Par rapport au sujet photographié, je me positionne de façon fixe ou me déplace à chaque prise. L’appareil photographique également et libre de balayer l’espace de façon ordonnée ou non. Le degré de conformité structurelle du sujet lors de l’assemblage final est donc variable.

 

Le travail sur l’image :

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Par des moyens informatiques, les photographies sont disposées de gauche à droite à l’intérieur d’un périmètre carré dans le même ordre qu’ont été pris les clichés (ces trois règles sont épisodiquement transgressées). A ce stade, quatre sur cinq séries d’images sont abandonnées. Les compositions rescapées son dorénavant traitées comme des images uniques. Pour conférer à ces inventaires photographiques leur aspect final, un effort d’édition particulier est fait sur la valorisation des couleurs, l’accentuation du détail.

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Les tirages sont réalisés avec des encres à pigment, en trois formats, et numérotés de 1 à 15.

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